La course à l’endurance

Moroccan riad courtyard with a swimming poolBalkissou et Mansour se sont mariés il y’a plus de 7 ans.

C’est un couple formidable. Leur maison est agréable à visiter, et les invités sont traités comme des rois, Masha Allah. Dans leur voisinage, ils sont connus pour leur gentillesse, et aussi leur piété. On ne peut pas entrer chez eux sans être rappelé d’Allah. La chaîne « Iqra » est souvent la plus visionnée, et pendant le Ramadan, le mari de Balki aime laisser jouer les audios de Coran sur son téléphone. L’ambiance à la maison est paisible. Le couple fait souvent des voyages en amoureux : en Ethiopie, à Doubaï, en Inde, mais leur destination préférée est l’Arabie Saoudite. Ils y vont très souvent faire le petit pèlerinage, priant que le Seigneur leur accorde un enfant. En effet, cela fait longtemps que les amies de Balki ont fondé des familles, et d’autres qui ce sont mariés après elle sont déjà mamans. Même si elle ne manque de rien dans son foyer, elle aimerait, elle aussi, parler de ses bébés à ses amies. Ce n’est pas facile de gérer une épreuve aussi grande. Il faut supporter les commérages de la famille, le sentiment de rivalité avec d’autres femmes, et surtout, le sentiment d’avoir été oubliée par le destin.

« Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? Suis-je punie parce qu’Allah n’est pas satisfaite de moi ? » Dit-elle d’un air attristé. Elle se rappelle alors que même les couples les plus vertueux dans le Coran : Ibrahim (AS) et son épouse, Zakaria (AS) et son épouse, n’ont enfanté que bien plus tard dans leurs vies. C’est un désarroi profond, une attente lourde, et un chemin long. C’est ainsi qu’Allah teste leur patience et leur endurance.  

Soureya est une jeune femme de 25 ans.

Cela fait plus de 2 ans qu’elle a terminé sa formation en Maîtrise Comptable, et qu’elle ne trouve pas de travail. Elle passe ses journées à la maison avec sa mère, et s’ennuie à mourir pendant que ses égales sont déjà cadres d’entreprise. Elle aimerait tant avoir son propre revenu, s’acheter des parures pour se faire plaisir, et avoir le chez elle. Elle rêve d’indépendance, de mariage, et de s’affirmer en tant que « grande dame » dans la société. Elle qui autrefois était parmi les premières de sa génération à obtenir un master, est devenue une « fainéante » aux yeux des autres. Sur Facebook, elle remarque que ses égales vont rapidement d’une étape à une autre. D’abord le diplôme, ensuite le boulot, puis le mariage, et déjà un nouveau bébé. Ce n’est pas facile pour une femme de se sentir derrière, de se sentir oubliée. « Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? Dieu entend-Il mes prières ? » La patience est difficile, mais Allah est avec les endurants.

Cela fait plus de 4 ans que Mariam et son fiancé envisagent de se marier.

Au départ, les connaissances ce sont vites faites, et les parents ont été mis au courant. Seulement voilà, Mariam devait d’abord terminer ses études et Yaya, son fiancé devait d’abord trouver du travail. Ce n’est pas facile d’attendre, surtout quand on s’aime. Si on veut bien faire les choses selon la religion, on n’a le droit ni de se toucher, ni de se faire la bise, encore moins de s’isoler. Il faut sans cesse contrôler ce qu’on se dit, et si la sœur se voile, son fiancé n’a pas le droit de lui demander de se dévoiler. C’est si facile de nos jours de commettre la fornication. La tentation est partout. Le cœur de Mariam se serre lorsqu’elle voit ses amies se jeter dans l’interdit sous prétexte qu’elles sont « amoureuses ». Parfois, on se moque d’elle et de ses « fiançailles éternelles ». On lui recommande encore, encore, encore et encore d’être patiente. « Ne t’inquiète pas, le mariage va arriver », « ton tour viendra aussi », « pourquoi tu te presses ? Prends ton temps ».

Prendre le temps de quoi, au juste ? De garder des barrières entre elle et celui qu’elle aime ? De se retenir de le prendre par la main ? De s’interdire de s’isoler avec lui ? D’avoir constamment à se dire « encore quelques années d’attente avant le mariage ? ». Mariam sait que la pudeur ne se limite pas au voile qu’elle porte sur sa tête, mais s’étend aussi à son interaction avec les hommes étrangers. Yaya en fait partie. Elle et Yaya se doivent donc de craindre Allah dans leur façon de parler, et ce n’est pas du tout facile.

La tentation est encore plus grande lorsque les deux sont dans la même ville. Il faut une volonté de fer pour éviter de s’isoler, ou de transgresser les lois d’Allah. Personne ne voit ses larmes quand elle supplie le Seigneur des mondes, dans sa prière. Dans son entourage, très peu de personnes comprennent qu’être fiancée ne signifie pas être mariée. Il y’a des membres de sa famille qui la poussent à retirer son voile pour « faire plaisir à Yaya », et on lui insinue qu’elle peut commettre la fornication s’ils n’en peuvent plus d’attendre. Lorsqu’elle refuse, on la prend en dérision, et on lui dit qu’elle « est encore jeune ».

Le plus difficile c’est quand les amies de Mariam lui demandent d’être leur fille d’honneur. Tour à tour, ses amies, et même ses cadettes se marient et fondent leurs foyers. Mariam a l’impression de marquer les pas sur place, et n’a rien d’autre que la prière et la patience pour la consoler.

“Cherchez du secours dans la patience et la prière. La prière est, certes, une charge considérable pour les hommes, à l’exception des humbles.” (Coran, 2/45)

Ces histoires sont des histoires vraies, de personnes que je connais personnellement (leurs noms ont été modifiés pour garder l’anonymat).

La femme vit l’épreuve différemment car son cœur est plus sensible. Chez les femmes, la compétition est encore plus rude que chez les hommes en général. Il est difficile d’effacer en nous l’envie d’être comme les autres. Quelle que soit notre situation, nous souhaitons toutes avancer et ouvrir de nouveaux chapitres dans nos vies. Lorsqu’on ne remarque pas de progrès, on a tendance à s’attrister et à croire que nos prières ne sont pas exaucées. Le moral est au plus bas, et il est difficile d’être productive.

A toutes mes sœurs qui traversent des épreuves de longue haleine, ne vous découragez pas. Allah voit, Il entend. Il sait combien de fois vous l’avez invoqué en humilité et en secret. Malgré le dire des autres, mes sœurs, vous êtes des femmes nobles in sha Allah. La vie n’est pas une course de vitesse, mais une course d’endurance. Ce n’est pas toujours ceux qui courent le plus vite qui arrivent en premier. Il se peut qu’en te privant, Allah te protège d’un mal dont tu n’as pas connaissance. Sois reconnaissante pour tous les bienfaits que Dieu t’a déjà accordés et espère la grande récompense de ceux qui endurent patiemment : le paradis !

Le Prophète (paix sur lui) a dit:

Celui qui veut être chaste, Allah l´aidera. Celui qui cherche à se passer de ce que possèdent les autres, Allah l´enrichira. Celui qui veut être patient Dieu viendra à son secours. Aucun n´a eu un don plus fécond que la patience. [Rapporté par Boukhari ]

«… Sois patient. La fin heureuse sera aux pieux. » (Sourate Hoûd -verset 49)

«…les endurants auront leur pleine récompense sans compter. » (Sourate Az-Zoumar -verset 10)

« Quiconque, mâle ou femelle, fait une bonne œuvre tout en étant croyant, Nous lui ferons vivre une bonne vie. Et Nous les récompenserons certes, en fonction des meilleures de leurs actions.» (Sourate An-Nahl -verset 97)

La victoire arrive bientôt ma sœur, place ta confiance en Allah.

Ta sœur qui t’aime <3

Fatimé Asta

 

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